Mes lectures

Sula, Toni Morrison

Toni Morrison, une grande parmi les grands. Lauréate du prix Nobel de littérature en 1993,  elle bouleverse la littérature américaine. Rendant à celle-ci, une partie de son histoire souvent tronquée. Sur un pont de vue littéraire plutôt blanc, Morrison étend l’encre noire et démontre les conséquences, non pas de l’esclavage, mais celles d’une discrimination enracinée depuis des siècles sur la communauté afro-américaine miséreuse des années 1920 à 1960.

Sula, deuxième roman de cet auteur, est aussi son plus court. Contient en son sein tous les thèmes chers à Morrison. Médaillon, ville située sur la colline, abrite une communauté noire. Et c’est l’histoire de cette communauté que nous allons découvrir au travers de deux personnages, Sula et Neil. Deux jeunes filles qui vont grandir ensemble et prendre des chemins différents. Alors que Neil rentre dans l’ordre social, Sula, elle veut rester elle-même et encore plus choquant veut n’aimer qu’elle. Elle se suffit à elle-même. Neil mère de famille prend soin de son mari et ses enfants, elle incarne alors le stéréotype social d’une femme noire de l’époque. À l’inverse Sula part à la recherche du désir féminin et veut s’émanciper des hommes. C’est l’histoire des femmes, des hommes, de leurs relations et de leurs stigmates.

Ce roman est complexe et il faut avoir un certain bagage pour en comprendre le sens. Même le lire plusieurs fois. Court, certes, mais épais dans son contenu. Toni Morisson nous délivre une sorte d’observation sociale sur une communauté. Elle délaisse tout manichéisme et pose cette question : Sommes-nous de mauvaise « femme » si nous prenons soin que de nous-même. Si Sula nous irrite, nous étonne ou même nous laisse perplexe, c’est qu’elle incarne l’essence féminine pure. Elle ne recherche que son plaisir, un plaisir où le concept de maternité est absent. Son corps n’est fait que pour recevoir non pour donner la vie. Sula ne juge pas, elle fait. Neil, elle, contre balance cette vision féminine, pour proposer celle que l’on connaît. Elle peut, alors représenter toutes les femmes de la communauté, femmes au foyer dépendantes des hommes qui vont juger  Sula, cette « marginale ». Et c’est là toute la discorde, les hommes et ces deux jeunes filles. C’est un roman très profond qui a encore des choses à dire. Il met en question le besoin de soins des autres, de donner, d’aimer. Mais aussi renseigne sur les cicatrices laissées par la discrimination ou la guerre. Ce roman, pour l’apprécier ou pour le comprendre, il faut vraiment rentrer à l’intérieur, l’étudier.

Sans parler du contenu, la plume est riche, elle mélange oralité, argot, violence et sensualité. Les mots tout en rondeurs sont un appel au plaisir, tout est question de sexualité, et ce livre dans ces sonorités est sensuel. Si une relecture est indispensable pour en saisir toute sa portée, il n’en est pas moins très intéressant, riche et propice à l’étude.



Mon avis : 

Je dois le dire, il m’a fallu le relire une ou deux fois pour le saisir convenablement. Un retard du billet était donc, inévitable ! Mais enfin je l’ai terminé. L’oralité et la sensualité de la plume m’ont tout de suite charmé, j’ai trouvé le texte fluide et simple à lire. Le problème est l’interprétation et le message. C’est un livre très complexe bien que cour. J’ai trouvé le personnage de Sula très intéressant. Tant dans ce détachement volontaire de la gent masculine que dans cette recherche d’un autre destin féminin. Même si son personnage est agaçant, antipathique même, arrogant parfois. Elle reste justement dans les mémoires. C’est un livre dont je qualifierais « d’intelligents », il ne se lit pas sur la plage, ce n’est pas du divertissement, surtout pas ! C’est un roman féministe par côté et profondément sociale.

Alors petits érudits, si une partie de l’histoire afro-américaine vous intéresse, allez-y !

Mes charmantes salutations distinguées.

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